Yves Corbassière artiste peintre

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1949. Affiche pour un spectacle présenté par Yves Corbassière, avec son ami le chanteur Tarzan et sa compagne Catherine Pré. Entre 1948 et 1950. Dans l'atelier de Clignancourt, photographié par Robert Doisneau. Entre 1948 et 1950. Dans l'atelier du square Clignancourt. Photo Robert Doisneauu. Entre 1947 et 1949. Dans l'atelier de Clignancourt avec son ami et complice le chanteur Tarzan. 1949. Affiche pour le cabaret Les Cinq Rues à Mégève, dit le Tabou des neiges..
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1941 - 1957 : Le "vagabond royal"


Devenir peintre. L'idée est là, évidente, lumineuse. Mais pour le moment, Yves Corbassière n'a guère que 16 ans. A ses parents, il préfère parler, prudemment, de dessin. Et muni d'un vieil aérographe et d'un compresseur que son père a bien voulu lui acheter, il n'attend pas pour saisir sa chance. "Ce jour-là, il y avait un concours pour un timbre sur la foire de Paris. Je l'ai remporté."

Un gamin dans la cour des grands

Et voilà le jeune Corbassière le mors aux dents, qui participe à la plupart des concours d'affiches que lancent des grands clubs sportifs ou le commissariat général à l'éducation et aux sports du gouvernement de la France maintenant occupée. Et il les remporte. En 1942, il est primé pour son affiche sur la promotion de la natation ("On apprend à nager à tout âge" ) qui lui vaudra le titre de peintre officiel de la marine nationale. Il est propulsé plus jeune sociétaire du salon de l'imagerie, où il expose pour la première fois. Il côtoie dès lors les plus grands, Carlu, Savignac, Villemot, qui finissent par accueillir ce "gamin de dix-sept ans" qui n'a de cesse de vouloir apprendre.

Et il apprend vite. Le succès est au rendez-vous pour le jeune  affichiste qui, dans l'atelier que ses parents lui ont aménagé dans les chambres de bonne du square Clignancourt,  trouve sa patte et réalise quelques morceaux de choix. Le sapin destiné à illustrer le "Noël du Maréchal" est retenu, bien qu’il ait été peint, s’amuse Corbassière, "avec un balais à chiottes ». D’autres suivent, comme l'affiche du Racing Club de France et celle, prestigieuse, des Visiteurs du soir de Marcel Carné, excusez du peu.

Mais l'apprentissage ne s'arrête pas là. Les temps sont durs et les denrées rares. Yves Corbassière découvre qu'il a la fibre débrouillarde. "Un soir, au dîner, il n'y avait que des rutabagas. Le lendemain, j'ai tenté le marché noir", explique Corbassière qui ne va cependant pas mener trop loin ce petit trafic. Il a déjà pris suffisamment de risque en mettant son talent de dessinateur au service de faux ausweiss ou de fausses cartes d'alimentation.

Il découvre aussi la prudence. S'il concourt pour l'affiche de "l'Europe unie contre le bolchévisme", c'est du bout des lèvres, sans laisser d'adresse et en signant Korba. A sa grande surprise, il se réveille un matin et trouve son affiche placardée sur les murs de Paris, "une véritable invasion, c'était impressionnant". Pour toucher les 300.000 francs du prix, susceptibles de tire la famille de l'embarras pour un bon moment, il devra produire ses calques de travail…

Mais le jeune Corbassière découvre surtout qu'il tient beaucoup plus qu'il ne le pense de son oncle Gabriel. Il retrouve le boogie-woogie le temps d'assurer les intermèdes lors des concerts de jazz que donne au bar l'Horizon, rue Gaudot-de-Mauroy, un certain… Louis de Funès. Corbassière est prêt pour plonger à corps perdu dans l'atmosphère survoltée de Paris libéré.

Les Branquignols et Orson Welles

Et il ne s'en prive pas. Son appétit pour les jolies filles n'a guère d'autres limites que son goût, insatiable, pour le travail. Entre deux frasques très littéraires –son ami le poète Gabriel Pomerand jetant "Dieu est mort" du haut de la chaire de l'église de Saint-Germain-des-Prés- il croque dès 1945 quelques morceaux de choix, comme l'affiche de La Femme au portrait pour la version française du film de Fritz Lang ou celle du Silence est d'or, avec Maurice Chevalier (1947), qui lui vaudra un prix.

Il se lance surtout dans la "réclame" aux côtés de Marcel Bleustein-Blanchet qui après plusieurs années de résistance est en train de construire l'empire Publicis. Son sens de la synthèse fait merveille: ses affiches sont nettes, compréhensibles au premier regard. Corbassière a le sens inné de ce qui sera la règle d'or de la publicité: présenter le produit avant toute chose. Le jeune homme de vingt ans est désormais reconnu par ses pairs auprès de qui il découvre l'atmosphère de carabins du bal des Quat'z'arts ou du bal des Barbus. On parle de lui dans France Soir, quand ses copains affichistes Gus et Savignac simulent son enlèvement en plein Montmartre.
 

Villemot

L'affichiste Villemot écrit

 

Voilà qui va bien à Yves Corbassière, occupé à se tailler une jolie réputation sur une autre scène, celle du théâtre, pour lequel il réalise des décors. Il fait ses armes au théâtre de Dix Heures. Il rencontre alors Pierre Dac et Francis Blanche et entre dans l'équipe des Branquignols, dont il fait les décors en 1948. Avant de réaliser, la même année, ceux de l'Othello d'Orson Welles au théâtre Edouard VII. "Il voulait qu'on ne voie que lui. J'ai fait retirer sept rangées de fauteuils d'orchestre et j'ai construit la scène comme une proue. J'ai installé des ventilateurs pour soulever sa cape pendant qu'il déclamait", se souvient Corbassière.


Existentialiste-type

D'un décor à l'autre, il n'y a qu'un pas pour le jeune homme qui comme tous les jeunes gens de bonne famille, a mis le cap sur Saint-Germain-des-Prés, alors en pleine effervescence. Il est  avec sa compagne Catherine Pré de ceux qu'on appellera les "purs", ceux des débuts; ceux qui ont fait le Tabou. Rue Dauphine, la cave de ce petit bistrot est vite devenue le quartier général de cette nouvelle génération vêtue de noir et d'existentialisme, au grand dam de Jean-Paul Sartre. Le Tabou, Yves Corbassière l'a, tout simplement, décoré. Il y a joué les tout premiers concerts avec Boris Vian. Voilà qui pose son « existentialiste », selon le terme en vogue.
 

Yves Corbassière raconte

 

"Vian était à la trompette et moi au piano. "

"A la fin de la guerre, le Tabou était un bistrot qui accueillait les alliés. Le patron faisait un peu de marché noir, et vendait de l'essence, des cigarettes, qu'il entreposait dans la cave. Au-dessus il y avait un bistrot. Un jour, je me suis mis à dessiner le portrait de Catherine sur le mur. A cette époque, Michel de Ré venait d'écrire Les Enfants en enfer pour le Théâtre de poche. Il ne savait pas où répéter. Le patron nous a dit: "si vous m'aidez à débarrasser la cave et que vous l'aménagez, vous pouvez y faire les répétitions. J'ai fait le décor. C'était des paravents, bien avant Genêt. On a construit une petite scène.  Comme on avait des copains à Samedi-Soir  et France-Dimanche, ils ont parlé de nous. Et tout le monde a débarqué au Tabou. C'était minuscule, enfumé, il n'y avait même pas de sortie de secours…  Vian est arrivé avec son orchestre. Il était à la trompette, ses frères à la batterie et à la guitare,  et moi au piano. On jouait du New Orleans. Le patron qui n'était pas bête a mis le whisky à un prix incroyable. Tout ça n'était pas déclaré. On a mis des tables qu'on avait dû voler quelque part. Et le Tabou s'est lancé comme ça. Après sont arrivés Greco, Cazalis…"
 


Yves Corbassière est désormais  une figure de Saint-Germain-des-Prés, aidé par sa plus fidèle compagne, sa… voiture! Dans son manuel de Saint-Germain-des-Prés, paru en 1951, Boris Vian consacre d'ailleurs un long paragraphe à la vieille 6CV Renault de la famille Corbassière, tirée de l'oubli et repeinte en une nuit avec des damiers jaunes et noirs. Juste de quoi ne pas passer inaperçu…

Et d'ailleurs, l'étrange engin a tôt fait de devenir dans les colonnes des journaux la "voiture des existentialistes" dont elle semble avoir épousé le mode de vie fantaisiste et impertinent. Ses pannes régulières sont suivies dans les colonnes des journaux comme un véritable feuilleton. Elles valent à Yves Corbassière et sa combinaison de mécanicien pleine de cambouis le titre envié de "l'existentialiste  le plus sale de Saint-Germain-des-Prés" (Samedi-Soir, 1949). On fera comprendre d'ailleurs à sa compagne Catherine, Pré, poétesse, amoureuse de théâtre mais également, mannequin, qu'il vaudrait mieux que son ami oublie de venir la chercher à son travail… chez Dior!

Les prouesses automobiles d'Yves et Catherine au fil des rallyes (Cannes, Cambrai, l'Alpe d'Huez)  qu'ils courent pour le tout Nouvel Auto-Journal confèrent à la voiture à damiers un parfum d'aventure; les frasques de son conducteur, fier de détenir le record de procès-verbaux (non payés) de 1949,  l'auréolent d'une gloire de corsaire que son conducteur se plaît à entretenir, citant Mallarmé et son "vagabond royal mordant au citron vert de l'idéal amer".

Enfin, les signatures qui ponctuent chaque carreau -Picasso, Errol Flynn, Jean Babilé, Boris Vian, Roland Petit…-  ajoutent l'indispensable touche de poésie. Bref, l'engin est si connu qu'il sera immortalisé sans relâche par Robert Doisneau –les deux hommes s'affronteront d'ailleurs en justice sur les droits de ces photos dans les années 80- et son conducteur avec lui.

Au tournant des années 50, le jeune Yves Corbassière, 25 ans tout juste, est reconnu comme affichiste et il ne faudra pas longtemps pour que le magazine spécialisé Publimondial lui consacre un numéro spécial, avec un hommage de Villemot. Il est aussi connu comme le loup blanc partout où lui et son improbable véhicule sont passés, semant autant de dessins sur leur passage contre un repas ou de l'essence et prêchant la parole "existentialiste".

Les ballets "rats de cave" qu'il a créés avec son complice le chanteur Tarzan sont présentés à Saint-Tropez. Un mois plus tard, Corbassière organise le premier concert de Juliette Greco et Mouloudji en province, à Charbonnières près de Lyon, avec un de ces "ballets be-bop" dont il a le secret.  Il se fait remarquer entretemps à Cannes pour les décorations des vitrines pendant le festival en 1949.
 

Nice Matin raconte

 

"Ce n'est pas pour assister à ce "second mariage du siècle" qu'Yves Corbassière, de Branquignol et de Saint-Germain-des-Prés, a débarqué sur la Croisette dans son inénarrable Renault à damiers jaunes et noirs. C'est à l'appel du haut commerce cannois qui, à l'instar de celui du Faubourg Saint-Honoré, a décidé de réaliser des vitrines d'art pendant la durée du festival.
Une cousette cannoise a copié, pour la vitrine de tissus, la robe de mariée que porte Danièle Darrieux dans "Occupe-toi d'Amélie". Mais Corbassière a des méthodes de décoration plus personnelles. Il a commencé par éventrer une magnifique cruche de Vallauris pour y placer une photo de "Rendez-vous de Juillet" qui ne pouvait prendre toute sa valeur sans doute qu'au cœur de cette poterie; puis il a démantibulé une cage à serins afin d'y enfourner une rascasse enrubannée de pellicule. L'ensemble arrête le passant et le tour est joué."
Nice Matin, 8 septembre 1949
 

Car si l'affiche est figurative, les décors ont déjà permis à Yves Corbassière de laisser exploser une personnalité plus  "anti-conformiste", se plaît-il à dire. Dès la guerre, ses dessins des troupes, alliées ou allemandes, à l'embarquement ou au débarquement, portent sa marque: un trait puissant, trois couleurs au maximum –« au-delà, c’est Carnaval »- et toujours une minuscule trace qui permet de donner l'échelle: un drapeau sur un sous-marin, une silhouette, au loin.

Dans le bouillonnement des années 50, Corbassière continue avec succès sa carrière d'affichiste, toujours aux côtés de Marcel Bleustein-Blanchet ou pour le cinéma (Pigalle Saint-Germain, le film culte de Berthomieu en 1950, Belles de nuit de René Clair avec Gérard Philipe en 1952); il poursuit sa route entre Mégève, Paris et Cannes, accompagné désormais par une jolie blonde "faite au moule", la chanteuse Virginie Vitry. Mais dans le secret de son atelier sous les toits, il explore déjà d'autres voies plus spontanées.

Il s'essaye ainsi, pour un décor de boîte de nuit, à la sculpture express en utilisant des draps et du plâtre qui prennent la forme du corps "simplement en jetant, comme ça", explique-t-il d'un geste sûr. Et justement. Sur la toile, le geste l'emporte peu à peu. L'abstraction se fait lyrique. Corbassière est prêt pour "gravir un autre échelon de la pyramide".
 

 
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